lundi 13 février 2012

Les 10 leçons d'innovation de Pixar

La revue trimestrielle de MacKinsey a réalisé récemment une interview passionnante avec Brad Bird, directeur de Pixar et qui a gagné deux Oscars avec Ratatouille et Les Indestructibles.

Quel est le rapport entre stimuler la créativité de dessinateurs/animateurs et le développement de nouvelles idées de produits ou d'idées rupturistes ?
  • Lecon n°1 : Refuser l'autosatisfaction
    Quand Steve Jobs recruta Brad Bird, ce dernier rapporte que, malgré les 3 derniers succès que Pixar venait de remporter (Toy Story, A bug's life et Toy Story 2), Jobs lui dit "la seule chose dont nous ayons peur c'est de devenir autosatisfaits, comme si nous avions tout vu et tout fait. Nous voulons que tu nous secoues."


  • Leçon n°2 : Recruter des "moutons noirs".
    Pour réaliser le film Les Indestructibles, j'ai dit "Donnez-nous les moutons noirs. Je veux des artistes frustrés. Je veux des gens qui font les choses autrement que nous et que personne n'écoute."
    J'ai donné une chance à ces "moutons noirs" de prouver leur théorie et cela nous a amené à changer notre façon de faire un certain nombre de choses chez Pixar bien que la façon de procéder en cours fonctionnait très bien."


  • Leçon n°3 : Ne pas chercher la perfection à tout prix.
    Pixar avait l'habitude de sur-élaborer les storyboards. Toutes les images créées n'ont pas besoin d'être du même niveau de qualité : quelques une doivent être parfaites, d'autres doivent être bonnes et enfin certaines doivent être assez bonnes, tout dépend de l'angle de vue, de la durée de passage à l'écran etc...


  • Leçon n°4 : Des collaborateurs impliqués et passionnés sont de bons innovateurs.
    Des collaborateurs n'innovent pas mieux parce qu'ils sont heureux au travail, ils innovent parce qu'ils sont centrés sur des questions telles que "je veux résoudre ce problème".


  • Lecon n° 5 : Manager les équipes de façon collaborative et ouverte. 
    "Pendant la réalisation du film The Iron Giant, j'ai invité toute l'équipe dans une pièce.
    J'ai dit : c'est une équipe jeune, en tant qu'individus, nous avons tous nos forces et nos faiblesses, mais si nous interconnectons toutes nos forces, nous sommes collectivement les plus grands dessinateurs/animateurs de la planète.
    Nous allons donc regarder ta scène devant tout le monde. Tout le monde sera humilié et encouragé à la fois. S'il y a une solution, je veux que tout le monde l'entende afin que chacun puisse la rajouter à sa boîte à outils.
    Je vais donner mon point de vue sur la scène, mais si quelqu'un n'est pas d'accord et voit différemment les choses, qu'il le dise et soyez en désaccord !"


  • Leçon n°6 : Accepter de changer
    Quand Pixar m'a demandé de reprendre la réalisation du film Ratatouille, le projet avait été lancé depuis plus de 5 ans déjà. A ce moment du projet, les rats avaient des pattes articulées et ne marchaient que sur 2 pattes pour ne pas effrayer les futurs spectateurs, j'ai pensé que c'était une erreur.
    "Ils doivent marcher avec leur quatre pattes. Toute l'équipe était écoeurée car ils avaient travaillé un an sur la conception des membres articulés.
    Un des dessinateurs m'a dit "pourquoi devons-nous faire ça" ? J'étais à deux doigts de lui répondre "Parce que je suis le boss". Mais je me suis arrêté et j'ai réfléchi, voilà ce que j'ai expliqué " Ce film, c'est l'histoire d'un rat qui veut entrer dans le monde des humains. Nous devons faire ressortir ce choix visuellement. Si vous avez tous les rats qui marchent sur 2 pattes, il n'y a aucune différence entre Ratatouille et les autres rats. Si nous proposons ce truc visuel, nous pouvons alors laisser le personnage opérer sa propre transformation selon son état émotionnel et choisir d'être sur 2 pattes quand il veut être rat ou sur 4 quand il veut se rapprocher des humains." Et petit à petit toute l'équipe a dit, OK nous avons enfin une direction claire.


  • Leçon n°7 : Avoir l'esprit d'équipe.

  • Leçon n°8 : Penser que l'impossible est accessible
  • Leçon n°9 : Développer des nouveautés que l'on aurait envie d'acheter pour soi
    Chez Pixar, nous n'écoutons pas les spectateurs pour savoir ce qu'ils auraient envie de voir. Mon objectif consiste à faire des films que j'ai envie de voir. Si je fais mon métier assez sincèrement - si je suis exigeant avec moi-même et pas complètement coupé de la base, c'est-à-dire pas foncièrement différent du reste de l'humanité - d'autres auront aussi envie de voir mes films et s'amuseront en les regardant.


  • Leçon n°10 : Culture Innovation = espace + émotions + interconnections + formation
    Les gens sont autorisés à créer ce qu'ils veulent comme décor pour leur bureau. Ensuite, le bâtiment est construit autour d'un atrium qui ressemble initialement à une perte d'espace, en fait Steve y a mis les boîtes aux lettres, les salles de réunion, la cafétéria, les toilettes pour que tout le monde ait l'occasion de se croiser dans une journée.
    Steve pense que c'est quand on se croise qu'il peut se passer des choses.
    Enfin, nous avons mis en place la Pixar University. Si vous travaillez sur l'éclairage et que vous avez envie de vous initiez à l'animation alors vous pouvez suivre des cours. Pixar encourage fortement ses collaborateurs à apprendre en dehors de leur domaine de compétence, ce qui les rend plus "complets" dans leur approche et plus créatifs.
    Nous incitons aussi nos collaborateurs à exprimer leur choix ou leur décision de façon posée car ce qui mine l'innovation ce sont les gens passifs ou agressifs qui dénigrent tout dans leur coin dès que les dos sont tournés.
Conclusion ?
"Cela peut sembler paradoxal mais pour les entreprises ancrées dans le métier de l'imagination, pour réussir sur le long terme, faire de l'argent n'est pas la priorité. Nous ne faisons pas des films pour faire de l'argent. Nous cherchons à faire de l'argent pour faire d'autres films !"

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